vendredi 11 décembre 2015

JE NOUS ACCUSE !


Dire la vérité est un sport violent. Je nous accuse sans ménagement d’avoir cessé de penser la République comme une joie : celle d’inclure tout le monde et de régler ensemble nos emmerdes. Qui en France cherche encore la joie des citoyens ? A croire que nos élus nationaux ont oublié ce que ces quatre lettres de feu signifient : J-O-I-E ! Or la République sans une joie populaire, ce n’est plus la République ; c’est une sale histoire qui peut mal se terminer. 
Alors oui je nous accuse ! d’avoir tous accepté, au fil du temps, que sept grandes fractures brisent le corps de la France. Je nous engueule de nous être collectivement résignés au chômage de masse qui n’est plus un accident, au mal logement d’une part vertigineuse de nos concitoyens et à ce qu’une partie ahurissante de notre peuple ne puisse plus se nourrir correctement. Je nous injurie vraiment de tolérer que les courageux soient découragés dans notre pays, que notre naufrage éducatif détruise l’avenir professionnel de nos enfants et que les minimums essentiels ne soient plus des minimums depuis longtemps déjà. Je nous insulte de n’avoir pas effectué, en réalité, la transition énergétique. Je nous boxe tous, avec colère, de trouver normal que la parole politique n’engage plus. Enfin je nous accuse d’avoir oublié que nous sommes un grand peuple libre qui n’aurait jamais dû se soumettre lâchement à mille normes débiles qui, dans tous les domaines, freinent désormais la moindre activité sur la terre de France. Et parce qu’une dernière gifle nous fera du bien, je nous accuse tous de continuer à espérer je ne sais quel homme providentiel au lieu de ne compter que sur nous, les citoyens !
En sommes, le problème c'est nous.
Donc, la solution c'est nous.



Qu’on se le dise : nous Français, ne sommes pas des veaux mais bien des zèbres ! de drôles de zèbres assez libres pour raisonner en-dehors du cadre dans nos territoires quand à Paris cela ne fonctionne plus. 
J’ose croire que nous saurons capables de tirer partie de notre génie. Pour guérir chaque grande fracture tricolore il y a aujourd’hui dans toutes nos régions des citoyens à l’oeuvre, des Faizeux pas des Diseux ! Des courageux actifs qui règlent nos problèmes non pas à notre place mais avec nous.
2,5 millions de gens ont-ils été virés par leur banque ou ont-ils un compte bloqué ? Ce qui interdit de toucher le RSA, d’obtenir une puce chez un opérateur téléphonique ou de s’inscrire dans une agence intérimaire ; toutes choses qui nécessitent un Relevé d’Identité Bancaire. Une société, comptenickel.fr, a installé des bornes chez les buralistes français qui, désormais, pour vingt euros par an vous ouvrent un compte en cinq minutes sans vous poser de questions humiliantes. Et vous ressortez illico avec un RIB et une carte bleue Mastercard. comptenickel.fr a en quatorze mois déjà ouvert 200 000 comptes ! Ils passent à l’acte ! 
3,5 millions de gens dépendent-ils actuellement de l’aide alimentaire pour survivre ? Le réseau de l’ANDES, fondé par Guillaume Bapst, fort de ses trois cents « épiceries solidaires » nourrit 1,5 millions de personnes en respectant leur dignité. Comment ? En les faisant payer à la caisse 20% du prix de leur panier. Pour qu’il y ait échange, respect et liberté du choix des aliments. Les épiceries solidaires passent à l’acte !
20% de nos enfants entrent-ils au collège sans maitriser l’écrit et la lecture ? L’association Lire et Faire Lire encadre 17 600 bénévoles de plus de cinquante ans qui viennent transmettre le plaisir de la lecture dans les écoles primaires et maternelles de nos cent départements. L’idée est de vacciner ainsi les petits contre l’échec scolaire en pariant sur le lien entre les générations. Déjà 650 000 enfants sont pris en charge. Mais il y a aussi l’Agence pour l’Education par le Sport, présente dans quinze villes française parmi le plus dures, qui réinsère efficacement nos jeunes par le sport. Tous ces gens passent à l’acte dans leur commune au lieu d’attendre je ne sais quelle réforme venant d’en haut ! 
Le chômage de masse et de longue durée semble-t-il impossible à vaincre ? L’association Solidarité Nouvelle face au Chômage (SNC) accompagne chaque année près de 6 000 personnes dans cette situation, de manière individualisée. Les deux tiers d’entre eux retrouvent un contrat de travail au bout de dix mois ! Ces citoyens responsables passent à l’acte !
Sur tous les sujets douloureux qui fracturent le pays - mal-logement, retour à l’emploi, réussite scolaire, rebancarisation, développement durable, estime de soi, etc. - les solutions existent déjà et sont modélisées à grande échelle. La créativité de notre jeune nation reste immense, portée par des associations culottées, des entreprises fonçeuses, des fonctionnaires audacieux, l’économie sociale et solidaire, et nos élus locaux locaux qui, à portée de baffes de leurs concitoyens et plus démunis que jamais, ne sont pas des Diseux mais bien des Faizeux à part entière ! 
En 18 mois, seuls et sans moyens, les Zèbres ont déjà fédéré près de deux cents solutions concrètes, des opérateurs ancrés dans nos terroirs à qui la nation peut réellement faire confiance car ils ne promettent rien : ils le font déjà ! Leur légitimité vient de leur bilan et du crédit moral acquis par l’action de terrain. Dans notre mouvement civique agissant, nous préférons les praticiens aux techniciens qui ont déglingué notre pays.  
Puisque le problème c’est nous, la solution c’est nous : les Faizeux ! 
Refaisons partir la joie dans ce pays par en bas puisqu’il semble bloqué en haut, en pariant sur les vrais Faizeux de nos territoires, ceux qui se bougent déjà le cul ! C’est avec eux que nous mèneront une révolution solidaire, pragmatique et civique, loin des fractures politiques, en collaborant avec toutes les couleurs républicaines. Remplaçons vite l’imbécile principe de précaution par le principe de confiance ! C’est l’audace qui a fait la France grande, pas la trouille.  
Rejoignez-nous, soutenez-nous avec joie.

Osons redevenir vite une grande nation de Faizeux ! 

Edito paru dans #Le1hebdo le 9/12/15



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